Le Jour J est enfin arrivé

Et ce ne fut pas de tout repos ! En effet, rien ne m’aura été épargné durant ces 12 semaines de prépa : rage de dent, petites blessure et dernière en date (jeudi  passé) : fièvre et mal de gorge ! Je peux vous dire que c’est avec grand soulagement que je vois arrivé ce jour J.

Dimanche 2 juin 6h15… C’est donc  parti pour un petit déjeuner fait de muesli et de lait d’amandes et une dernière vérification du sac.  Tout y est (enfin… ce à quoi j’ai pensé…):

  • 6 barres de céréales
  • tartines de pain bio « forêt noire » et filet de poulet
  • crème anti-frottements
  • bâtons
  • 2 litres de boisson iso dans la poche arrière et 2 flasques de 500 ml à l’avant
  • casquette
  • GSM.

Fabrice arrive vers 7h15 et nous voilà en route pour Aywaille et ce fameux Ohm trail XL 2019. Arrivés sur place, on récupère notre dossard, la puce GPS et LE t-shirt officiel.

ohm trail XL 2019

Je me sens un peu nerveux, mais pas plus que d’habitude, je me réjouis de m’élancer sur les sentiers.

Mentalement, je ne pars pas pour 50km, j’ai fractionné ce trail suivant les ravitos :

  • 14km pour commencer
  • puis 9 (Ravito au 23)
  • encore 9 (Ravito eu 32)
  • puis 10 (Ravito au 42)
  • et les derniers kms

Première partie : bonne gestion et plaisir

Nous voici donc partis avec Fabrice en toute fin de peloton. On veut absolument éviter de se laisser entraîner par les plus forts sur un rythme beaucoup trop élevé au début.

Et ça se passe plutôt bien.

Les côtes s’enchaînent et on ne se met pas trop dans le rouge, on avance même d’un bon pas. Tout va bien

Maintenant, faut pas se leurrer, ça grimpe sec à chaque fois et c’est loin d’être facile ! Mais la beauté du parcours, les paysages environnants nous font oublier le dénivelé.

Vers le 10ème km, on commence tout doucement à se faire rattraper par les premiers du 35km. C’est dingue l’allure où ils vont, c’est impressionnant ! D’autant plus que nous sommes dans une descente assez rapide et roulante qui permet de se lâcher un peu (mais pas trop…). Ceux du 35 foncent à toute allure… nous on est plus cool dira-t-on…

Une dernière grosse côte et c’est le ravito qui arrive à point. 14.2 km, 2h15 de course, on est pas mal par rapport à notre planning.

Deuxième partie : ça se corse

Après quelques minutes de repos et de « recharge » tant solide que liquide, nous voilà reparti. Sur 2km, on continue sur une belle descente, mais c’est un peu l’enfer car ça bouchonne pas mal au vu du nombre de participants au m². Le gros du peloton du 35 nous a à présent rattrapé et ils foncent à toute allure alors qu’avec Fabrice, on reste prudent.

J’en ai un peu marre de devoir chaque fois m’écarter, mais heureusement, en bas de la descente le parcours se scinde en 2.

On va à présent attaquer une des plus grosses ascension du jour. On en est plus au moins au 16ème km et ça monte jusqu’au… 20ème !

Ensuite, nous suivons le lit d’un petit ruisseau, c’est assez éreintant je dois dire: passage d’un côté à l’autre, petits ponts, gros cailloux.

Un autre point que je n’ai pas encore mentionné, c’est la chaleur. Il est presque 13h et la chaleur commence à être étouffante. Et donc, dès qu’on le peux on plonge la casquette et… les pieds dans le ruisseau pour se rafraîchir

Sans le savoir, je signe là pour un enfer sur la fin de course.

Nous arrivons au second ravito vers le 24ème km. Il fait du bien. Je fais le plein de mes différentes poches et décide d’avaler mes tartines au filet de poulet. Fabrice, n’arrive pas à avaler son sandwich au jambon quant à lui… Il a déjà l’air quelque peu mal en point.

De mon côté, les tartines passent plutôt bien 🙂

ohm trail XL 2019

Troisième partie: je me retrouve seul

Après cette petite pause, on se retrouve à nouveau sur le parcours commun du 35 et en bas d’une côte monstrueuse ! Me concernant, ça se passe pas trop mal, je monte tranquillement à un rythme assez régulier. Je ne me retourne pas vraiment, je me dis que Fabrice doit me suivre de près.

Pourtant, arrivé au sommet je suis tout seul… je décide dont de l’attendre un peu mais ça dure… 1min, 2,3,4,5… Pas normal, il a du se passer quelque chose.  Je rebrousse un peu chemin pour le voir et l’aperçois enfin dans les derniers lacets.

Blanc mort, au bout de sa vie, il vient de vomir 2 fois ! Proche de l’abandon, il me donne le feu vert pour avancer de mon côté, il préfère continuer comme il peut sans me ralentir.

Il s’arrêtera définitivement au 3ème ravito.

De mon côté je hausse un peu le rythme et je dois dire que ça se passe pas trop mal. Pas de courbature, un peu de fatigue oui, mais ça va je progresse bien et franchit les multiples difficultés jusqu’au ravito. (2h pour l’atteindre tout de même…)

Faut dire que le parcours est incroyable, avec la traversée de la vallée du Ninglinspo. Une petite rivière avec des cascades ça et là et un décors magnifique. Je ne connaissais pas du tout ce coin, et j’y reviendrai en mode « touriste » un de ces jours, c’est certain !

ohm trail XL 2019

Le seuil bémol, c’est le nombre de touristes justement. Ce n’est pas toujours évident de se faufiler entre toutes ces personnes, certaines vous laisse passer… d’autres pas.

J’en profite pour de nouveau passer dans l’eau pour me rafraîchir…

Le ravito se situe au sommet d’une petite crête avec un panorama incroyable sur la vallée. J’en prends vraiment plein la vue !

Bon après une plus petite pause que les précédentes, je décide de repartir une nouvelle fois pour 10km et le prochain ravito qui se situe au 42ème.

Quatrième partie: je m’accroche, le mental est bon

Petite anecdote, depuis le début, je suis suivi par un orga en vélo qui suit sa copine sur le parcours. A chaque fois il prend de mes nouvelles, c’est sympa.  Il m’annonce que le parcours sera « un peu » plus facile pour la suite… C’est déjà ça.

C’est vrai que les côtes sont moins longues… mais de là à être plus facile, je n’irai pas jusque là.

Mais je progresse.

Vers le 37ème km je reçois un SMS de Fabrice m’annonçant son abandon. Je pense qu’il a bien fait car vu son état quand je l’ai quitté, il aurait vraiment souffert sur la suite.

Les 2 principales difficultés de ce tronçon sont les 2 montées du viaduc. La première, ça va je dois dire, elle passe bien. La seconde est un peu plus dure, mais ça va aussi.

ohm trail XL 2019

Par contre, ensuite je prend un petit coup au moral. En effet, j’aperçois le ravito en bas d’une descente, sous le viaduc. Mais le parcours se scinde à nouveau : le 50 se dirige vers la droite alors que les 35 vont direct au ravito.

Je vous avoue que j’ai failli aller tout droit, mais non, je me ravise et continue sur mon parcours. Et il n’est pas facile, c’est une petite boucle d’environ 3km avec une belle grosse côte au programme. Je suis seul, et pour la première fois, mon moral flanche un peu. D’autant plus que je commence à avoir des ampoules aux pieds.

Un moment je regarde ma montre et j’atteins la distance marathon, ça me donne un peu de baume au cœur car il s’agissait là d’un de mes objectifs. Courir la distance marathon en trail.

ohm trail XL 2019

Le ravito est très proche ensuite sauf que… les gars sont en train de remballer le tout ! OK, ça fait maintenant 8h que je suis parti, mais bon avec la chaleur, c’est un peu rude. Ils me permettent tout de même de remplir mes 2 flasques et me donne une banane.

Je me pose pas trop la question d’arrêter ou pas, et je me lance sur la dernière partie.

Cinquième partie : l’enfer sur terre !

Ça recommence avec une petite côte assez raide. Là ça commence à être dur mais je la franchis. Ensuite, c’est une côte assez longue qui m’attend. Heureusement j’aperçois enfin d’autres coureurs et me rapproche d’eux.

J’emboîte ainsi le pas d’un coureur namurois avec qui je sympathise.

A 2 c’est un peu plus facile, mais mes pieds me font de plus en plus souffrir. Plus j’avance plus ça devient compliqué de les poser par terre.

Ici, pas de secret, je marche la plupart du temps. On essaye bien de relancer dans les descentes, mais pour lui comme pour moi, c’est compliqué.

Mais à nouveau on avance, pas très rapidement mais on avance.

Je resterai à ses côtés jusqu’à une descente qui nous amène près de l’arrivée et la dernière petite surprise .

En effet, tout en bas, à quelques encablures de l’arrivée, voilà que le parcours nous fait tout remonter ! Là je craque, j’ai plus de pieds, j’ai plus de jus, plus d’envie.

Mon compagnon de course s’éloigne de plus en plus…

Je ne le reverrai plus

Le calvaire jusqu’au bout

Une fois de plus, je ne sais pas comment mais j’arrive au sommet.

C’est la toute dernière descente, mais pour moi c’est un calvaire, je n’arrive presque plus à poser mes pieds au sol à cause des ampoules à la plante des pieds. je n’ai jamais connu ça auparavant, c’est insupportable.

Je croise une nouvelle fois le « gars en vélo » qui m’encourage à tenir : moins d’un km !

OK, j’arrive en bas de la côte, mais je suis tjs dans les bois !

Et voilà que ça remonte !

Non, là vraiment je saurais plus… je m’assied sur le côté un peu nauséeux, bientôt rejoint par un coureur néerlandophone dans le même état que moi.  Je lui dis que je ne sais pas si on est sur la bonne trace, j’ai l’impression d’être revenu en bas de la côte que je viens à peine de franchir.

Heureusement il a le parcours sur sa monte et me confirme que c’est le bon chemin… OK je me remet tant bien que mal sur mes jambes et avance. La « côte »  n’était finalement qu’une petite butte ridicule.

Il reste moins d’1km, ça descend, c’est un enfer.

En bas du dernier sentier j’aperçois Fabrice, Fred et Véro. Inquiets pour moi, ils ont décidés de venir à ma rencontre.

Je suis au bout du bout, ils doivent même me soutenir à un moment, le chemin ravel jusque la ligne est interminable.

Puis voilà, j’y suis, la ligne d’arrivée !

Les larmes aux yeux je la franchis 10h22 après être parti. 52.5km et 2300D+ à ma montre.

J’aurai mis presque 2h30 pour les 10 derniers kms, c’est dingue.

Conclusion

Drôle de sentiment mêlé de fierté d’être arrivé au bout mais aussi de frustration d’être arrivé dans cet état. Car c’est de ma faute finalement !

En effet, les ampoules sont dues à l’humidité de mes chaussures et mes chaussettes. Si j’avais pensé à en prendre de rechange, j’aurai peut-être terminé dans de meilleures conditions. Faut être pris pour être appris…

Malgré tout, je me suis surpris moi-même, je ne pensais pas avoir un tel mental pour arriver au bout. J’ai gambergé 2,3 fois, mais à aucun moment je n’ai imaginé ne pas franchir la ligne d’arrivée.

Sur la course en elle-même: belle organisation, un parcours exceptionnel et du D+… Bref, on en a pour son argent sur ce Ohm trail XL 2019 !

Sur le moment, ma première parole à Fabrice a été « never again ».

A présent, j’en suis un peu moins sûr 🙂